Paris, le 10.02.05
Monsieur Al Safy, bonjour,
C'est avec plaisir que j'ai lu et relu votre dernière réponse. Celle-ci est bien documentée mais hélas ne dissipe pas les doutes.
Vous connaissez certainement la régle de fiqh:"Pas d'ijtihad en présence d'un texte explicite". Selon la maxime latine :"Ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus", il ne faut pas distinguer là où le texte ne distingue pas.
Or les dispositions coraniques que j'ai citées imposent aux fidèles, à plus forte raison aux Compagnons, notamment aux plus grands d'entre eux, tels Abou Bakr et Omar, d'obéir au Prophète et ces dispositions coraniques ne font aucune distinction.
Vous essayez de contourner cet obstacle majeur en prétendant qu'on est tenu d'obéir au Prophète en matière de prophétie mais pas forcément quand il s'agit d'un simple ordre.
Vous oubliez que l'ordre en question n'était pas un ordre quelconque ou un ordre comme un autre relatif à un cas précis (ajourner la prière, cas cité par vous) mais d'un ordre ou même plutôt d'une priére ultime du Prophète agonisant, relative à des commandements religieux destinés à préserver la communauté de l'égarement .
Imaginons qu'un proche parent, pour ne pas dire votre Père, vous supplie, sur son lit de mort, de lui donner de quoi écrire son testament et vous refusez d'obtempérer .
Dans notre cas, l'ordre émanait du Prophète mourant, en personne, fondateur de la 3ème grande religion monothéiste.
Je pense donc que les Compagnons ont violé d'une manière flagrante, non seulement les préceptes coraniques, mais aussi le plus élémentaire devoir d'humanité et de pitié. Il y aurait beaucoup à dire à propos de cette triste histoire mais je suis tout à fait d'accord avec vous de passer à un autre sujet.

Abou Bakr a essayé en vain de dissuader Mahomet, alors âgé de 50 ans, d'épouser sa fille de 6 ans, Aïcha (Baladhuri, Ansab al Ashraf,t.1, p.410, parle de 6 ans et Ibn Hicham parle de 7 ans, t.4, p.293).
Abou Bakr dit à Mahomet: "Mais je suis ton frère" (Autrement dit, comment peux-tu épouser ta nièce, la fille de ton propre frère ?). Le Prophète répondit: "Tu es mon frère en religion, mais elle (Aïcha) m'est permise" (voir Bukhari, t.3, p.240 et Ibn Saad, t.8, p.59).
Ainsi le Prophète a forcé la main d'Abou Bakr qui a dû céder car celui-ci savait que s'il ne cédait de bon gré, de toute façon, Mahomet épouserait Aïcha à coup de versets coraniques comme comme il l'a fait pour épouser Zeinab,
femme de son fils adoptif Zeïd, en faisant descendre la célèbre sourate Al Ahzab.
Abou Bakr a privé Fatima de l'héritage de son Père Mahomet en inventant une hadith: "Les prophètes n'ont pas d'héritiers", hadith manifestement fausse, comme je l'ai déjà dit, en tout cas, contredite par le Coran qui dit: "Et Salomon hérita de David (27, 16).
Mais là encore vous essayez de contourner l'obstacle en prétendant que Salomon a hérité de la prophétie de David et non de ses biens matériels.
En réalité, Salomon est un roi hébreux, et aussi un sage, certainement pas un prophète, à suivre l'ancien Testament.
De plus, la prophétie, comme le génie, ne se transmet pas de père en fils, autrement, les descendants de Mahomet seraient aussi des prophètes.
Quant à dire que de toute façon Mahomet n'a laissé aucun bien matériel qui aurait pu être hérité, sauf son arme gagée chez un juif, permettez-moi de vous répondre que cela est une pure légende puisque Mahomet, né pauvre et orphelin, est devenu riche, comme le dit le Coran :"Il t'a trouvé pauvre et il t'a enrichi" (93, 8).
Et voici l'origine de la fortune du Prophète :
1° Héritage : Il a hérité de la richissime Khadija, sa 1ère femme.
2° Razzias et pillage des caravanes dont il prélevait le 1/5 ème (Sourate Al Anfal, , 41).
On sait par exemple que Abou Sofyan, attaque par Mahomet à Badr, pouvait conduire une caravane de 2500 chameaux (voir, Chaker al Naboulssi, Al Mal wa Al Helal, p.32, note 27).
3° Sponsoring
Le Prophète recevait des dons des riches
ecquois, tel Osman, futur 3 ème calife.
4° Spoliation des juifs
Mahomet a chassé les juifs d'Arabie. Il a exterminé ceux de Banou Qoraïza et s'est emparé dee leurs biens.
Je m'arrête un moment au cas des juifs de Khaiber, dernier réduit des juifs rescapés. Mahomet fait torturer leur chef Kanana pour prendre son trésor. Il le fait tuer ensuite puis il s'empare de l'épouse de Kanana, la belle Safia qu'il annexe à son harem (voir Ibn Hicham et Ibn Saad).
5° Prix des fatwas
Nos amis musulmans seront étonnés lorsqu'ils apprendront que le Prophète voulait se faire rétribuer par les riches Arabes qui lui demandaient audience soit pour un conseil, soit en confession (voir Hamidullah, Le Saint Coran, p.727).
Ainsi, la souraye 58, 12, dit : "O, les croyants, quand vous avez un tête à tête avec l'apôtre, faites une aumône...".
Cette aumône qui ne doit pas être confondue avec la zakat (un des 5 piliers de l'islam, v. la 9ème sourate, 103) a soulevé les protestations des Mecquois, aussi le 12ème verset
a-t-il été aussitôt abrogé par le 13ème
verset , comme l'affirment les grands
théologiens musulmans Al Wahidi, p.432, ; Nayssabouri, p.312.
Abou Bakr a donc opprimé Fatima comme il a opprimé son Père Mahomet sur son lit de mort.Il a refusé de remettre à Fatima l'oasis de Fadek spoliée aux juifs.
Fatima, humiliée, n'a plus adressé la parole à Abou Bakr, elle est morte de chagrin à l'âge de 29 ans (voir, Ibn Saad, t.2, p.318 et t.8, p.28)
Le calife Al Mamoun (813-833) qui a ordonné le 1er grand génocide anticopte en 830, a rendu aux descendants de Fatima l'oasis de Fadek (voir, Tarikh al Yacoubi, t.2, p.469).
Bien cordialement.
Magdi Sami ZAKI

à suivre ..