Paris,le 16.02.05
Monsieur Al Safi, bonjour,
Dans votre réponse du 7 février 2005, vous dites que le Coran n'est pas hostile au droit de propriété à condition de payer la Zakat (2,5%).
Le protestantisme incite les chrétiens à accumuler des richesses,non pour mener une vie de débauche mais pour investir et créer des emplois, tout en vivant soi même dans l'austérité.
Le grand penseur allemand Max Weber estime que cette éthique a favorisé l'essor du capitalisme (voir, son ouvrage, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Plon 1964).
Le Coran interdit aussi, comme je l'ai déjà dit, de thésauriser or et argent pour son profit personnel(9, 34.
Les dix commandements et le droit naturel interdisent également de s'enrichir au détriment d'autrui.
Or, les Compagnons du Prophète ont amassé des fortunes colossales, non grâce à leurs oeuvres ou industries mais en spoliant les pays (Egypte, Syrie, Iraq, etc.) qui ont eu le malheur d'être envahis par eux.
A cet égard, j'ai cité un érudit contemporain, Khalil Abdel Krim (1930-2002) et un grand chroniqueur médiéval, Massaoudi (mort en 956).
Sur son lit de mort, Amr Ibn Aç, en contemplant tous les biens qu'il avait spoliés aux Egyptiens, a exprimé des regrets et a dit à son fils :"j'aurais aimé mourir trente ans plus tôt" (voir, Tarikh al Yacoubi
t.2, p.222). Amr était donc conscient de ses crimes commis contre l'Egypte.
Autre exemple facheux : Abou Harira, le rassembleur des hadiths, fut nommé par le calife Omar, gouverneur de Bahryen.
Il a profité de cette fonction pour voler les biens de l'Etat (voir, Hadi al Alawi, Men Kamouss Al Torath, 1988, p.78).
Mais ce qui est curieux c'est que l'enrichissement illicite ne fut pas seulement le fait des Compagnons mais aussi de personnes trés proches du Prophète , voir ses propres parents. C'est le cas de Ibn Abbas, cousin de Mahomet.
Ibn Abbas, nommé gouverneur de Bassra par le calife Ali,s'est emparé de biens publics (Beit al Mal).
Sommé, par Ali, de s'expliquer , il démissionne en emportant avec lui six millions de dirhams(voir, Saïd Al Achmaoui, Le Califat islamique, Sina, 1992, p.113).
Bien cordialement.
Magdi Sami ZAKI
à suivre ..